Le XIXe siècle

En 1800 Kraainem comptait 538 habitants…

Napoléon, Premier Consul, supprime les conseils municipaux de canton et rétablit l'AUTONOMIE COMMUNALE (Loi du 27 Ventôse An VIII ou du 18 mars 1800). Le Conseil communal est nommé par le Préfet du département de la Dyle parmi les habitants les plus imposés (soit les plus riches: c'est le suffrage censitaire). Il se rassemble au maximum 15 fois par an et est présidé par un Maire nommé également par le Préfet. Le Maire est flanqué d'un Maire-Adjoint. Il n'y a pas de Collège des Maires et Echevins puisque la fonction d'échevin est inexistante. le Premier Maire de Kraainem est un certain VAN MILLEN nommé en 1802.

Le 16 janvier 1801 Bonaparte signe le Concordat qui rétablit légalement la religion catholique et met fin aux persécutions. Les Eglises sont réouvertes au culte le 4 juin 1801.

En 1804 Napoléon se proclame Empereur et nos populations sont soumises à la conscription militaire, ce qui les mécontente fort. Rappelons aussi que notre organisation administrative a été copiée sur le modèle français et que le Code Napoléon est à la base de notre législation actuelle, le Code Civil.

Napoléon est vaincu à Waterloo en 1815. A noter qu’à cette époque la forêt de Soignes couvre encore une superficie de 12.385 Ha et qu’il y existe encore de nombreux loups. Des primes sont payées pour les abattre (20 fr Par loup…, ce qui n’était pas si mal pour l’époque).

Le 30 juillet 1814 les Hollandais de Guillaume d’Orange font leur entrée à Bruxelles. L’hiver de 1814-1815 est très rigoureux et provoque des famines et, par conséquent, des pillages. La population est très mécontente et la révolte gronde.

La révolution brabançonne éclate en 1830. Les Hollandais sont chassés du Pays et le Congrès National décrète l’indépendance de la Belgique le 30 novembre 1830, instaure la Monarchie, instaure l’Eglise Catholique comme seule autorisée, décrète que la langue française est la seule langue officielle du pays (ce sera l’origine de nos querelles linguistiques ultérieures). Les élections se feront au suffrage censitaire.

Kraainem compte 567 habitants. Le budget communal est déjà en boni… :

Recettes : 1.381,99 fr
Dépenses : 1.362,44 fr
Boni : 19,50 fr…..

La loi communale de 1836 impose aux communes la tenue des registres de l’Etat-civil qui, auparavant, étaient tenus par le curé de chaque paroisse. Nos archives communales ne vont donc guère au-delà de cette période.

En 1840, le budget communal est en déficit suite à une mauvaise gestion de l’ex-receveur communal, et aux frais d’entretien d’un "insensé" enfermé à l'hospice de Geel et d'un autre placé au dépôt de mendicité de la Cambre, "ce qui – écrit le Bourgmestre aux autorités de tutelle – nous oblige à avoir recours à un subside de 400 fr sur les fonds provinciaux pour combler ce déficit".

En 1842, on construit l'actuelle chaussée de Malines qui va de Waterloo à Malines. Les moyens de communication sont limités: un chemin creux vers Stockel (rue de Stockel, avenue Astrid), un chemin de terre de Laag-Kraainem vers Hoog-Kraainem (rue Van Hove, rue Verhaegen, avenue des Sorbiers), un chemin creux vers le village de Wezembeek (rue Leenaerts), un chemin vers Tervueren (Chée. de Hoogvorst, en passant par la forêt de Stockel) et un chemin de terre qui allait de Woluwe vers Oppem (l'avenue de Wezembeek actuelle a été achevée en 1954 seulement, c'est une voirie d'Etat, son coût a été de l'ordre de 3 millions de frs uniquement pour la partie de Kraainem). C'était à peu près tout.

Les gens circulent à pied ou à cheval s'ils sont assez riches pour s'en acheter un… Un rapport du conseil communal adressé à la province le 26 octobre 1892 signale que "personne dans la commune de Crainhem ne possède de vélocipède".

La première ligne de tram à vapeur qui traversera la commune n'a été mise en exploitation qu'en octobre 1892 (ligne SNCV St-Josse-ten-Noode – Louvain). Elle passait dans l'actuelle Avenue des Anciens Combattants et allait vers Vossem.

Le premier recensement de la population a lieu le 15 novembre 1846. La population est de 688 habitants. Il y a 131 maisons, 84 enfants qui suivent des cours à l'école et 149 personnes qui sont assistées par le Bureau de Bienfaisance (notre CPAS actuel), soit près d'un quart de la population… A l'école on apprend à lire, à écrire et à calculer, c'est tout. Mais les édiles se plaignent de ce que l'école est désertée par les enfants pendant les mois d'été…

Il y a un moulin à eau qui fabrique du papier (13 ouvriers) et un autre qui moud le grain. il y a une brasserie, des tourbières et des carrières (argile et sable) ainsi que 425 Ha de cultures (principalement des céréales) sur une superficie totale de 580 Ha. La seule langue utilisée à Kraainem est le flamand, mais la commune est gérée en français selon la loi.

La fabrique de papier, qui comptera près de cent ouvriers et ouvrières en 1892, était située à l'endroit et dans le vieux bâtiment où se trouve actuellement le dépôt communal (rue Denayer).

Le bourgmestre en 1848 s'appelle Guillaume HUSEWEELS. Ses successeurs ont été, entre autres, Jean VANDENPLAS (1849-1855), Charles DE RYCKE (1856–1866), VAN DEN HOVEN (1867-1877), DEKEYZER (1877-1879), Joseph VAN HOVE (1879-1921), Charles VERHAEGEN (1921-1926), Arthur DEZANGRE (1927-1951), G. MORLEGHEM (1952-1952), Edmond COPPENS (1953-1976), Léon MARICQ (1977-2000).

En 1889 Kraainem connaît une dernière épidémie de choléra. Il n'y a pas de médecin dans la commune. Ce n'est qu'en 1850 qu'un "vaccinateur" sera nommé à Woluwé-St-Etienne. Il n'existe pas davantage de corps de pompiers dans les environs et le premier garde champêtre fut nommé le 13 janvier 1859, il était armé "d'un sabre et d'un baudrier…".

A noter encore qu'en ce milieu du XIXe siècle, il n'existait à Kraainem ni société littéraire, ni quoi que ce soit de culturel. La fanfare locale "Kunst en Vrijheid" a été créée en 1875.

Les salaires étaient (en 1897) de l'ordre de 2,50 fr par jour pour les hommes et de 1,50 fr pour les femmes. Le terrain se vendait 3,20 fr le m_ pour les terres agricoles et 2,80 fr pour les terres de pâture… Les temps ont changé.

Sur le plan judiciaire, la commune dépendait de la Justice de Paix du Canton de St-Josse. Ce n'est que vers 1960 que fut créé le canton de Justice de Paix de Kraainem-Wezembeek.

Les recrues de l'armée étaient désignées par tirage au sort. Celui qui était désigné pouvait d'ailleurs, s'il était riche, payer un moins riche pour aller se faire tuer à sa place. Belle époque.